la voilà noyée dans une agitation urbaine, aux antipodes de son quotidien bercé dans la ruralité merveilleuse du reverse. ici, tout est plus fade. les maisons (parfois sur dix, vingt, quarante étages), les gens ; tout lui parait grisé. l'œil trop habitué aux couleurs saturées de son monde parallèle, le mana ayant tout rendu surnaturel. pourtant, à cet instant, c'est la bousculade autour de sa chaise qui lui paraît surréel. aran capte le regard de plusieurs policiers, pris sur le fait, qui détournent leurs yeux à la seconde où ses prunelles mal-aimables les croisent. chacune de leurs œillades sont intrusives. à épier ses moindres mouvements, comme si un fantôme était installé là, au bureau de leur collègue. à quelques mètres, faisant face à un autre agent, un homme d'une trentaine d'année, le visage gonflé avec une lèvre déchirée. preuves tangibles d'une accusation qu'il se fatigue à exprimer depuis une dizaine de minutes. i'm telling you, she threw herself at me! i simply asked her for directions and she went for my throat, this crazy woman! dans un mouvement brute, la blonde tourne sa tête vers lui, le regard teinté d'un noir abyssal. à la façon d'un chien que l'on vient d'engueuler, l'homme se cale à nouveau dans le fond de sa chaise, soudain muet. le raclement de gorge du flic devant elle la ramène à lui. we contacted your parents. your mother sounded particularly... upset. they should be here soon. les sourcils qui se froncent aussitôt. à se demander si on lui fait une mauvaise blague. un mot qui lui a toujours été inconnu, aussi loin qu'elle se souvienne ( parents ). who? qu'elle demande, incrédule.

« excuse me ? » qu’elle répond, interdite. les policiers sont tout sourires, et la confusion est effacée de son visage, le temps qu’ils disparaissent de son champ de vision. we found your daughter. la porte claque, les policiers indiquant l’attendre en bas de l’immeuble pour l’emmener au poste, jusqu’à sa fille. « what the fuck ? » murmuré, les pensées se bousculant avant de faire place à un vide absolu, parcourant tout le penthouse pour récupérer ses affaires. « what the fuck. » répété devant le miroir de l'ascenseur, toute de rouge vêtue, tenue prête pour une soirée annulée. l’esprit est en mode survie quand elle se présente devant eux, le visage blanc et les membres légérement secoués. les policiers sont compatissants face à son regard presque brillant, et elle put – comme ça – récupérer quelques brides d’information. que sa fille, qui avait disparu quand elle était petite, avait bien grandi et qu’elles allaient enfin se retrouver, une histoire qui se finit bien. apparemment, on pouvait voir un peu de sera sur le visage de aran, assez pour qu’un test adn ne soit pas nécessaire pour voir la parenté. WHAT THE FUCK ? la voiture freine brutalement, annonçant leur arrivée au poste. la scène est fixée, l’histoire peut commencer.

l’actrice sort du véhicule d’un pas chancelant, les mains croisées contre sa poitrine. ralenti un peu avant de se tourner vers eux, le visage troublé « she’s here, right ? » y a de l’espoir dans sa voix, elle ferait presque pitié comme ça, sera. elle savait le jouer. réponse affirmative et un policier lui offre son bras pour avancer. le claquement de ses talons se fait plus prononcer une fois sur place, semble entendre au loin le nom de l’inconnue sans en être véritablement sûre avant qu’on ne la montre du doigt. « it’s her ? it’s her, right ? » insiste, suppliante, sous les quelques rires chaleureux avant que les larmes ne coulent à profusion ; aidée par ses gouttes pour les yeux pour plus d’humidité. elle ne fait pas tout de suite attention à l’homme déjà sur place en avançant, « oh my god, it’s you. » qu’elle peine à articuler entre deux sanglots, ses mains couvrant sa bouche, n’en revenant pas.

et on dirait qu’elle n’oserait pas la toucher de peur qu’aran disparaisse à nouveau, mais sera n’avait à ce moment qu’une pensée en tête : yeom, what did you do ?

le regard perdu, incrédule. à pas pouvoir demander au flic de répéter ce qu'il venait de dire ; les portes s'ouvrent dans un mouvement presque théâtral. aran tourne son visage en ta direction, épicentre d'une comédie qu'elle n'aurait jamais cru voir de ses propres yeux. tes talons résonnent dans le commissariat, écho de ta voix qui transporte des émotions aux allures si vraies, si pures. et plus tu t'approches, plus elle sent son corps se tendre. gamine brusquée. prise au dépourvu. tout ce qu'elle déteste. des perles salées viennent rougir tes pommettes, miroirs de sa propre confusion. la voleuse se tourne à nouveau vers le policier en face d'elle, à la recherche d'une réponse qui ne viendra jamais. it's me what? mal-aimable, l'esprit braqué par cette scène lunaire. sans savoir comment réagir, comment réfléchir. la réalité lui paraissant plus irréelle que le reverse. orpheline depuis ses 9 ans, l'amour d'une mère seulement imaginée (rêvée). et dans tes traits, elle reconnait ses propres mimiques. à s'en sentir perturbée. elle t'observe à nouveau avant de se tourner vers l'inspecteur. i don't know her. comme si tu n'étais pas là, qu'elle devait témoigner pour une arnaque. listen i don't know who this woman is and why she's crying like a baby. l'attention qui ne se pose plus sur toi, comme ignorée.